Au cours d’une réunion qu’il a présidée la semaine dernière face à l’Exécutif, le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, n’y est pas allé de main morte.
Il a littéralement rabroué les membres de son exécutif, partant du chef du gouvernement jusqu’à certains de ses ministres qui brillent par leur immobilisme.
De guerre lasse et ne supportant plus la nonchalance et l’absence des actes forts ou les initiatives de nature à impacter le quotidien des Gabonais, c’est un véritable ras-le-bol que le président de la République a exprimé.
Montrant ainsi comme il avait prévenu lors de son adresse à l’occasion des fêtes de fin d’année son ambition de passer à la tolérance zéro face au laxisme qui caractérise certains ministres.
L’exemple le plus pathétique aura été celui du secteur éducatif.
Manque d’initiatives
A ce sujet, Ali Bongo Ondimba a fustigé les conditions insalubres et inhumaines dans lesquelles l’on laisse apprendre les jeunes enfants.
« Comment peut-on expliquer le fait de voir des élèves assis à même le sol pour apprendre ; comment accepter qu’on laisse les jeunes enfants se soulager à ciel ouvert, partout où ils peuvent à cause de l’inexistence des toilettes appropriées », s’est insurgé le président de la République.
Les interrogations et la diatribe du chef de l’Etat arrivent à point nommé. D’autant plus que contrairement au dilettantisme qu’ils affichent au niveau de leurs ministères respectifs, c’est tout un autre visage que présentent les mêmes ministres quand il s’agit de protéger leurs apanages ou postes qu’ils savent défendre bec et ongles.
La preuve ? Face aux enjeux liés par exemple à la nécessité de s’accrocher à son strapontin ou rempiler au poste de député dans sa circonscription comme c’est le cas actuellement, l’on n’hésite pas à abandonner les arcanes des ministères presque vides et sans âmes pour aller mouiller le maillot au bled.
Amateurisme ou incompétence ?
Pour dame Virginie Ben Moubamba, coup de chapeau au chef de l’Etat qui a pris le taureau par les cornes : « Extraordinaire. Premièrement, je dis bravo. Voilà ce que tout le monde veut entendre, c’est la vérité. Ensuite, on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer. Rire devant une scène inouïe des ministres qui se font remonter les bretelles comme des écoliers et qui attendent honteusement que le sale moment s’arrête. Pleurer car au final, face à leur incompétence et leur immobilisme, pour ne pas dire plus, ce sont les enfants innocents qui souffrent et le paieront par leurs difficultés scolaires dont on ne sait pas que ce sont des difficultés qui se paient toute la vie. Alors oui on peut tout critiquer mais vraiment j’apprécie beaucoup ce discours du président et j’espère qu’enfin il y aura des actes. Sachant que le sujet abordé ici est un seul parmi des dizaines tous plus urgents et pourtant faciles à traiter les uns que les autres. Enfin, je remercie la Première dame qui, il y a quelques semaines, est allée elle-même travailler à la rénovation d’une école, ce que j’ai admiré et ce que j’aime quoi qu’on en pense. Tout ce qui est à prendre. Elle l’a fait en lieu et place de ceux dont c’est le travail mais qui ne font rien. C’est ça qui doit être critiqué… Je comprends son ras-le-bol et je suis sûre qu’elle n’est pas pour rien dans cette intervention plus que bienvenue. Alors, grâce à elle, je suis contente finalement de cette journée de la femme 2018, ça s’est bien passé le même jour », a-t-elle déclaré.
Il n’y a pas mieux que cette pensée chère à Shakespeare pour comprendre l’ire qui a pu animer le chef de l’Etat pour sortir de sa réserve, à savoir « A quoi me sert-il d’être entouré des hommes intelligents, qui attendent que ça soit moi qui leur dise ce qu’il y a à faire ». Bien dit !