Le garde des Sceaux serait-il sur le point de démissionner pour débloquer la crise dans les tribunaux du pays paralysés par une grève déclenchée le 13 décembre 2017 ? L’importante communication de Me Francis Nkéa Ndzingué dont la tête est mise à prix au gouvernement par le puissant syndicat des magistrats (Synamag) est très attendue.
Cela fera deux mois jour pour jour que l’affaire Nkéa a grippé toute la machine judiciaire au Gabon. Me Francis Nkéa Ndzingué mesure désormais la gravité de sa gaffe. Du côté du barreau de Libreville, la position est claire. Le barreau aurait pu, au nom de l’esprit de corps, lui donner un coup de main. Mais comme il a agi en tant que membre de l’exécutif, c’est à l’exécutif de trouver un modus vivendi afin de calmer la tempête et d’envisager pour lui une sortie honorable, c’est-à-dire par la grande porte.
Dans une déclaration lue par le président du Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG), Germain Nguema Ella affirme avoir obtenu de la part de garanties du Premier ministre chef du gouvernement, Emmanuel Issozé Ngondet. Nkéa Ndzingué trouvera-t-il les mots justes pour « gagner » son « procès » contre ses magistrats qui lui ont tourné le dos ? Sa démission sera-t-elle annoncée pour couper court aux rumeurs? Où bien va-t-il durcir le bras de fer car démissionner pourrait fragiliser le gouvernement ou créer une jurisprudence dans le pays ? L’exercice n’est pas aisé pou lui.
Accusé d’immixtion dans les procédures judiciaires violant ainsi le secret de l’instruction, le garde de sceaux avait accusé le président du SYNAMAG d’avoir tenté de lui soustraire une forte somme d’argent contre un prétendu silence. Me Francis Nkea Ndzingué, avocat au barreau du Gabon, aurait ouvertement accusé un juge d’instruction d’avoir reçu d’un inculpé des fortes sommes d’argent contre sa mise en liberté. Il aurait même menacé d’arrêter un juge d’instruction. Cette situation n’a fait que pourrir le fonctionnement des tribunaux du Gabon. Quasiment plus rien ne va depuis le 14 décembre 2017 ; tous les tribunaux du pays sont déserts et les personnes en garde à vue ne sont présentées au parquet qu’une seule fois par semaine.
Toutes les audiences publiques étant suspendues, seuls les dossiers en cours d’instruction sont traités au sein des cabinets. Le puissant syndicat des magistrats veut davantage réduire ce service minimum en mettant fin à l’étude des dossiers en cabinet et en recevant les personnes gardées à vue dans les commissariats une seule fois tous les 15 jours.
D’aucuns se demandent qu’attend le Garde des sceaux pour jeter l’éponge ? En attendant que Me Francis Nkéa rende son tablier pour avoir traité les magistrats de ‘’corrompus, tout est au point mort. Tout est gelé. Le service minimum a lui aussi été suspendu. Les magistrats se montrent très exigeants en le tenant par les couilles, il n’y a plus donc d’issue par laquelle échapper à cette tension qui va l’emporter. Le Synamag maintient son unique condition et persiste que sa grève sera levée uniquement lorsque l’actuel ministre de la Justice quittera ses fonctions. Les grévistes ne digèrent pas ses propos qui aurait traité les magistrats gabonais de « corrompus ». A vrai dire, il est dans de sales draps
Willy Maixant