Après un passé sulfureux au Darfour, l’ancien chef de guerre Mohamed Hamdan Daglo alias « Hemetti » est devenu numéro deux du Conseil militaire de transition.
La Rédaction
Depuis la chute d’Omar el-Béchir, c’est un autre homme qui fait trembler les Soudanais. Mohamed Daglo, 44 ans, est à la tête de l’une des plus puissantes forces paramilitaires du pays, les RSF (Forces de soutien rapide), créée par Omar el-Béchir en 2013. Ses hommes sont accusés d’avoir dispersé violemment, le 3 juin 2019, le sit-in de Khartoum, qui réclamait le transfert du pouvoir aux civils. La réponse armée a fait des dizaines de morts et des centaines de blessés.
Le nouvel homme fort du régime militaire a fait ses premières armes au Darfour (ouest) dès 2003. Chef d’une petite milice, il finit par prendre la tête des Janjawid. Ces combattants arabes nomades étaient formés par le pouvoir pour mater l’insurrection des rebelles issus des tribus non-arabes. Les ex-milices dirigées par « Hemetti » sont accusées de multiples exactions. Viols, pillages et tortures à l’origine des poursuites de la Cour pénale international contre Omar el-Béchir.
Après le Darfour, Mohamed Daglo devient « général » dans la capitale où il prend les commandes de la RSF. Comme les Janjawid, ces forces rapides regroupant d’anciennes milices ont combattu les rebellions aux côtés de l’armée dans plusieurs régions du pays (dans le Kordofan-Sud, le Nil bleu et le Darfour). Elles aussi ont été accusées d’abus par des ONG. Mais comme à chaque fois, « Hemetti » dément.
Depuis la destitution d’Omar el-Béchir, poussé vers la sortie par l’armée, le général Daglo veut s’imposer comme la figure incontournable du pouvoir. Il est très ambitieux sur le plan politique, il faut regarder et attendre comment ses ambitions se concrétisent.
« Hemetti » a multiplié ces derniers temps les contacts avec les puissants alliés arabes, (Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Egypte) qui soutiennent ouvertement les militaires. Pour ces pays, a priori, la répression militaire n’est pas une entrave pour gouverner. Reste à savoir si le mouvement de protestation qui réclame une vraie démocratie aura son mot à dire.