Emmanuel Macron est à la manoeuvre mardi, consultant tour à tour les responsables des partis pour trouver des « solutions constructives » afin d’empêcher un blocage politique en l’absence de majorité au Parlement.
Par Maurice Duteil
Parallèlement, la Première ministre Elisabeth Borne cherche à continuer à agir : l’ensemble du gouvernement – y compris les trois ministres démissionnaires Amélie de Montchalin, Brigitte Bourguignon, Justine Benin sont réunis à Matignon depuis 14H30 pour une « réunion de travail ». Ils sont arrivés sans dire un mot, souvent le visage fermé.
En poste depuis à peine plus d’un mois, Mme Borne a été confirmée jusqu’à nouvel ordre par le chef de l’Etat, qui a refusé en début de matinée sa démission « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours », selon l’Elysée.
Il est en effet de tradition après les élections législatives que le chef du gouvernement propose sa démission, avant d’être aussitôt reconduit à son poste. Mais Mme Borne était sur un siège éjectable après les résultats décevants dimanche aux législatives où la Macronie a perdu la majorité absolue.
« La Première ministre a plaidé pour rester afin d’avoir les outils pour faire face à la situation et aux urgences des Français, a expliqué son entourage. Il y a beaucoup de décrets à prendre dans les jours à venir, dont la revalorisation du point d’indice, la deuxième phase de Parcoursup… On ne peut pas se permettre d’avoir un gouvernement qui ne gère pas cela. »
Mais signe que c’est bien le chef de l’Etat qui reste à la manoeuvre, l’Elysée a rappelé que c’est lui qui « va mener les consultations politiques nécessaires en recevant les chefs de parti susceptibles d’avoir un groupe à l’Assemblée nationale afin d’identifier les solutions constructives envisageables au service des Français ».
Le patron des Républicains Christine Jacob a été le premier à avoir une discussion « franche » d’une heure avec lui.
A l’issue, il a répété que le parti de droite refusait d’entrer dans « toute logique de pacte » même s’il ne sera « jamais » dans « le blocage des institutions ». « C’est à lui (Macron) de mettre des propositions sur la table », a-t-il ajouté, avant la tenue d’un bureau politique de LR en fin d’après-midi.
Lui succédant, le socialiste Olivier Faure a expliqué à Emmanuel Macron qui l’a « beaucoup interrogé » pendant une heure également, que les socialistes étaient « disposés » à « avancer » si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d’achat, notamment une hausse du Smic.
« Que va-t-il faire » de cet échange ? « Est-ce seulement une mise en scène ? On le saura dans les prochains jours », a poursuivi Olivier Faure, en soulignant que le président semblait conscient « qu’il ne pouvait plus être l’hyperprésident » qu’il avait été durant le premier quinquennat.
Devaient se succéder dans l’après-midi François Bayrou (Modem), Stanislas Guerini (LREM), Marine Le Pen (RN) et Fabien Roussel (PCF), avant d’autres mercredi, comme le chef du parti EELV Julien Bayou puis les Insoumis Adrien Quatennens et Mathilde Panot.