Le Pr. Daniel Franck Idiata linguiste gabonais, parle de « dictature de l’anglais ». Il pointe du doigt la francophonie, devenue trop politisée. Elle ne répond plus aux attentes des jeunes Africains avides de sciences et de technologies.
Par David B. Hauce
Daniel Franck Idiata est un linguiste chevronné. Il enseigne à l’université Omar Bongo de Libreville et dirige le Centre national de la recherche scientifique du Gabon (CNARES). Son constat est sans équivoque. Il témoigne qu’on assiste à ‘’une marginalisation progressive du français’’ qui perd de plus en plus du terrain en Afrique. Il en donne pour preuve le Gabon son propre pays. Classé parmi les plus francophiles en Afrique centrale, le Gabon est en train de s’adapter et de s’arrimer à ‘’la dictature de l’anglais’’.
Il explique que : de plus en plus de diplômés n’arrivent pas à obtenir leur premier emploi parce qu’ils n’ont pas de connaissances suffisantes en anglais. On leur demande d’avoir des compétences en cette langue, comme prérequis absolument indispensable. Par conséquent, la plupart des établissements gabonais s’adaptent et offrent à leurs étudiants des formations poussées en anglais.
Franck Idiata, le professeur en linguistique est catégorique, les francophones africains réalisent de plus en plus que l’anglais est devenu incontournable pour s’ouvrir au nouveau monde. Les jeunes Africains, avides de sciences et de technologies, sont désabusés par la posture de la francophonie, devenue, à leurs yeux, trop politisée. Une organisation souvent occupée à observer le processus électoral sur le continent.
Il ne manque d’expliquer que si les pays francophones « se retrouvent aujourd’hui essoufflé », c’est que le français cesse progressivement d’être la langue de diffusion des connaissances scientifiques et techniques à travers le monde, au profit de l’anglais. Il se désole de la francophonie, qui se confine aux belles lettres. Et les jeunes ont besoin d’autre chose. Ils sont dans la technologie et dans la recherche de l’emploi. Pas étonnant donc de voir des pays africains changer de logiciel. C’est le cas de l’Algérie, qui a annoncé récemment son intention de remplacer le français par l’anglais dans ses universités.
Pour lui, le constat est évident, car le marché international de la science et de la technologie se conjugue en anglais. Vous sortez d’Afrique, malheureusement, vous êtes confronté à l’évidence que l’anglais est devenu incontournable. Et si vous n’avez pas de compétences en anglais, vous êtes bien malheureux. La seule langue qui vous ouvre les portes du monde entier, y compris Paris, c’est l’anglais.
Le professeur Franck Idiata s’interroge, comment, dans ces conditions, convaincre des jeunes étudiants africains de la nécessité de parler français. La réponse selon lui, il faut se rendre à l’évidence, le français a déjà perdu de son influence en Afrique. Et rien ne semble stopper un processus devenu irréversible.
La France « a lâché prise » dans le duel linguistique engagé dans son ancien pré carré. La nature ayant horreur du vide, il ne faut donc pas s’étonner que d’autres occupent la place, souligne le professeur Idiata.