L’Académie suédoise n’avait récompensé personne en 2018. Du coup il y a deux lauréats cette année. Un Nobel deux en un, un peu comme certains shampoings. Il fallait bien une double dose de détergent pour laver le prestigieux prix du scandale qui a entaché sa réputation l’an passé. Deux lauréats, soit une équation à deux inconnues pour qui voulait prédire le résultat. Une chose semblait acquise : il y aurait au moins une femme pour succéder à kazuo Ishiguro et le choix de l’Académie serait lourd de symboles.
Par David B. Hauce
A 13 heures précises, ce jeudi 10 octobre, sur place de la Bourse à Stockholm, le secrétaire perpétuel de l’Académie Mats Malm, a annoncé les noms des deux lauréats : la romancière polonaise Olga Tokarczuk d’une part, et l’écrivain autrichien Peter Handke, d’autre part, qui doit être particulièrement content, lui qui nous avait déclaré il n’y a pas si longtemps, dans « L’Obs », que ‘’donner le prix Nobel à des écrivains est une farce grotesque’’.
La première, prix Nobel 2018 donc, est née en 1962, à Sulechow. Elle est une des figures majeures de la littérature polonaise post-1989. L’Académie récompense « son imagination narrative, qui avec une passion encyclopédique, fait du dépassement des frontières une forme de vie ». Auteure de recueils de poèmes et de plusieurs romans, son style se singularise par un lyrisme luxuriant et une imagination poétique qui rappelle les toiles de Chagall.
Parmi ses livres publiés en français (la plupart aux éditions Noir sur Blanc), on peut citer « Dieu, le temps, les hommes et les anges », « les Pérégrins », récompensé du Man Booker Prize l’an dernier, ou encore sa fresque européenne d’une irréelle beauté ‘’Les livres de Jakob’’.
Peter Handke, le prix Nobel 2019, est, lui, écrivain, mais aussi auteur dramatique et scénariste. Né en 1942, à Griffen, en Carinthie, se distingue, selon l’Académie pour une oeuvre qui « forte d’ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l’expérience humaine ». Marqué par sa lecture de « Sous le soleil de Satan » de Bernanos, il commence à écrire ses premiers textes à 15 ans. Il est l’auteur de très nombreux romans et essais, dont « L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty », « la Femme gauchère », ou dernièrement ‘’Essaie sur le fou de champignon’’.