Patrick Eyogho, ministre de l’Eau et de l’Energie du Gabon au sein du gouvernement Issozet Ngondet, a frôlé le pire. Il a failli être copieusement bastonné par une bande incontrôlée d’anciens compagnons de l’opposition basés en France.
L’événement s’est produit lors de son récent séjour dans la capitale française où il a été rattrapé par son passé pour avoir milité longtemps dans les rangs de l’opposition.
Furieux de constater qu’il a changé de fusil d’épaule en intégrant l’équipe gouvernementale dirigée par le cuspodien Premier ministre venu des bords du fleuve Ivindo à la faveur des accords issus du dialogue politique d’Agondjé tenu en avril 2017, ses anciens compagnons de lutte ont profité de son séjour parisien pour le traquer.
C’est de justesse que le ministre de l’Eau et de l’Energie s’en est tiré sans égratignure au vu de la tension qui a régné lors de cet échange musclé qui s’est passé lors de la dite traque.
Durant ce mauvais quart d’heure qui s’est passé sous forme d’un interrogatoire musclé sur fond de menaces à peine voilées, le membre du gouvernement n’a pas flanché.
Il a tenu la dragée haute en répondant coup sur coup à ses détracteurs. Un oral quasi réussi pour le natif de Bitam.
La scène, très proche de celle qui aurait été organisée par une horde de cobolo men, a consisté de la part de ses anciens compagnons, ceux-là même qui constituent la principale ossature des émeutiers du Tracadero, de soumettre le membre du gouvernement aux cribles des questions aussi fâcheuses et gênantes les unes des autres.
De son statut (opposant ou collabo ?), aux raisons de sa participation au gouvernement, en passant par la position de son parti Démocratie nouvelle (DN) au sujet des législatives ou encore le sort de certains opposants emprisonnés, rien n’a été laissé de côté.
Droit dans ses bottes, certes avec la crainte que tout pouvait dégénérer ou basculer sur un détail, le natif de Bitam s’est défendu comme un bon diable dans un bénitier sans rien trahir sur ses convictions.
Morceaux choisis : « Nous sommes allés au dialogue en considérant que la paix et le vivre-ensemble étaient des valeurs cardinales à défendre contre vents et marées », a soutenu le ministre d’entrée de jeu.
« Ayant considéré qu’au dialogue, des avancées majeures ont été réalisées pour l’ancrage dans la démocratie de notre jeune pays, mon parti et moi avons accepté de participer au gouvernement pour accompagner les différentes réformes engagées, voilà les gars ».
A la question de savoir ce qui changer avec la présence de DN au gouvernement là où d’autres avant avaient échoué, Patrick Eyogho est formel.
« Ali Bongo Ondimba est le président du Gabon. Il mérite d’être accompagné dans sa vision qui n’est pas mauvaise. Ce n’est pas par un homme providentiel venant d’ailleurs que le Gabon va se développer. C’est avec l’implication de tous les fils et filles du pays que l’émergence deviendra une réalité. Ce n’est pas le combat d’une seule personne. C’est la volonté et l’engagement conjugués par tous. Voilà notre crédo. En plus, nous sommes convaincus que ce n’est pas ici à Paris au Trocadero mais sur place au Gabon que la bataille du développement doit se mener en apportant sa pierre à l’édifice aux côtés des autorités en place ».
Quant au sujet en lien avec le député de Minvoul, Bertrand Zibi embastillé à Sans famille, la prison centrale de Libreville, « Je l’avais appelé et conseillé de ne pas s’engager dans cette dérive verbale la veille de l’arrivée du chef de l’Etat et de respecter les usages républicains, il ne m’a pas écouté ; toutefois, je prends de ses nouvelles », s’est défendu le ministre de l’Eau et de l’Energie qui du reste pense que l’Institution présidence de la Républiques est sacrée et mérite du respect au-delà de ses convictions qui peuvent être différentes.