Les garçons ont été retenus plusieurs jours dans la forêt de l’Etat voisin de Zamfara dans des conditions de vie difficiles, selon les premiers témoignages recueillis jeudi par les autorités et les médias locaux.
Par Maurice Duteil
Entassés à l’arrière de camions des forces de sécurité nigériane, des adolescents en loques sourient dans la nuit. Ce jeudi 17 décembre aux environs de 22 heures, leurs visages éclairés par les phares sont photographiés sur la route de la liberté retrouvée, quelque part dans le nord-ouest du Nigeria, aux environs de Tsafe, dans l’Etat de Zamfara. Direction Katsina, à environ 80 km au nord, pour ces centaines de collegiens et des lycéens rescapés d’un enlèvement spectaculaire paerpetré six jour plus tôt dans leur pensionnant de Kankara. Une opération revendiquée par Abubakar Shekau, le chef du groupe djihadiste Jamaat Ahl Al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (JAS), l’une des deux factions de Boko Haram.
Dans la soirée, l’assistant personnel du président nigérian, Muhammadu Buhari, a écrit sur Twitter que « les garçons de Kankara ont été sauvés ». Le gouverneur de l’Etat de Katsina, Aminu Bello Masari, a pour sa part indiqué que 344 élèves avaient été arrachés des mains de bandits de grand chemin qui écument la région et ont très probablement mené cette attaque d’envergure pour le compte de Boko Haram. Les élèves ont été retenus plusieurs jours dans les forêts de l’Etat voisin de Zamfara, dans des conditions de vie difficiles, selon les premiers témoignages recueillis par les autorités et les médias locaux.
Plus tôt dans la journée, une vidéo diffusée par Boko Haram montrait quelques-uns de ces jeunes hommes implorant le gouvernement de leur venir en aide et de privilégier la négociation plutôt que la force. Il était alors question de 520 otages, a précisé l’un d’entre eux, un chiffre également avancé par le groupe djihadiste. Les autorités nigérianes avaient d’abord estimé le nombre d’élèves enlevés à 333, puis à 400. « Nous avons récupéré la plupart des garçons, pas tous », a nuancé le gouverneur de Katsina jeudi soir, sans préciser si des exécutions ont eu lieu.Capture d’écran de la vidéo non datée fournie par Boko Haram, des garçons sont vus dans un lieu non divulgué.
Une vidéo qui aurait été diffusée le jeudi 17 décembre 2020 par les rebelles jihadistes nigérians, Boko Haram montre un groupe de garçons sous les arbres, parlant à une personne qui les filme. La semaine dernière, plus de 300 étudiants ont été enlevés dans une école de Kankara, dans le nord du pays, les enfants de la vidéo sont censés être ceux qui ont été enlevés vendredi dernier.
Les forces de sécurité n’ont pas usé de leurs armes, se contentant d’encercler le bout de forêt semi-aride dans lequel ils étaient retenus. Une source citée par l’Agence France-Presse assure que les ravisseurs, des chefs de milices criminelles locales identifiés – dont l’un serait en lien direct avec Shekau –, ont abandonné les écoliers dans cette savane et que l’armée les a récupérés. Pour le moment, aucun détail vérifié n’a filtré sur d’éventuelles contreparties de cette libération telles que le versement d’une rançon aux ravisseurs, qui pourraient retenir encore des otages. Le gouverneur de Katsina a nié toute transaction financière lors d’un entretien accordé à la rédaction en langue haoussa de la radio internationale Deutsche Welle.