Le ministre aurait rédigé sa lettre de démission depuis Montpellier, dans le sud de la France, d’où il avait intégré le gouvernement guinéen en 2014.
Par Obame D’EBOMANE
Dans une correspondance, adressée à la presse, Cheick Sako fait part de son opposition à la modification de la Constitution qui se prépare en Guinée et il dénonce le fait de ne pas avoir été associé à la rédaction du nouveau texte, en sa qualité de garde des Sceaux. La lettre est datée du 20 mai dernier, mais c’est seulement lundi que son contenu a été rendu publique.
Le responsable de la Communication au ministère de la Justice, confirme cette démission. Cheick Sako explique sa démission par son opposition à toute modification de la constitution. Les détracteurs du projet de nouvelle Constitution craignent que la modification ouvre la voie à un troisième mandat pour Alpha Condé. Condé, 81 ans, n’a jusqu’à présent pas annoncé de modification de la Constitution dans le but de se représenter en 2020, mais plusieurs de ses déclarations récentes ont été interprétées en ce sens.
« Je n’ai pas été associé à la rédaction de la nouvelle Constitution en ma qualité de garde des Sceaux et, compte tenu de ma position personnelle contre toute modification ou changement de la Constitution en vigueur, vous comprendrez que je ne puisse plus continuer à exercer les fonctions de ministre de la Justice », écrit M. Sako.
Il affirme avoir déjà demandé au chef de l’État de désigner son remplaçant à la tête du ministère de la Justice. Cheick Sako ne cachait plus la frustration qu’il éprouvait après l’annonce du projet de modification constitutionnelle. Lors d’une récente émission radio, Amadou Damaro Camara, le président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel, a qualifié le système judiciaire guinéen de « pourri ».
Cheick Sako et les magistrats ont tenté de traduire le député en justice, mais ils n’ont pas réussi à obtenir la levée de son humilité parlementaire. Sako s’est aussi senti trahi par le gouvernement parce que, dit-il, l’État n’a pas apporté sa contribution au budget destiné à l’organisation du procès des auteurs présumés des massacres du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Il s’était engagé depuis 2017 à organiser ce procès tant attendu par de nombreux Guinéens.