Abiy Ahmed, artisan de la réconciliation avec l’Erythrée, a mis fin à deux décennies d’une guerre qui a fait plus de 60 000 morts. Il succède au gynécologue congolais Denis Mukwege et à la Yazidie Nadia Murad, récompensés conjointement pour leur combat contre les violences sexuelles en 2018.
Par David B. Hauce
Le Nobel de la paix a été attribué vendredi au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, artisan d’une réconciliation spectaculaire avec l’Érythrée et père de réformes susceptibles de transformer en profondeur un pays longtemps livré à l’autoritarisme.
Ce prix est un coup de pouce bienvenu pour le dirigeant de 43 ans qui fait face à une inquiétante flambée des violences intercommunautaires dans son pays, où des élections législatives sont censées avoir lieu en mai 2020.
la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen a déclaré que: M. Abiy Ahmed est récompensé pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale, en particulier pour son initiative déterminante visant à résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée voisine .
Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018 après plusieurs années de protestations anti-gouvernementales, Abiy Ahmed a initié un rapprochement au pas de charge avec l’Érythrée, ancienne province éthiopienne.
À l’issue d’une rencontre historique le 9 juillet 2018 à Asmara, la capitale érythréenne, le président érythréen Issaias Afeworki et lui-même ont mis fin à 20 ans d’état de guerre entre les deux frères ennemis.
Réouverture d’ambassades et de postes-frontières, rétablissement des liaisons aériennes, multiplication des rencontres… : la réconciliation a été menée tambour battant.
Salué comme visionnaire et réformateur, le jeune dirigeant, issu d’une famille pauvre, a ainsi insufflé un certain optimisme dans une région du globe où celui-ci est une denrée rare.
Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Onu, estimait en septembre 2018 que : ‘’Un vent d’espoir souffle sur la Corne de l’Afrique ‘’.