Un moindre mal
Dans un régime démocratique, on aspire à une alternance politique par les urnes. On s’appuie sur des institutions impartiales dont les règles de fonctionnement sont objectives. On compte notamment sur un cadre juridique des élections qui donne à tous les mêmes chances de succès. Tel n’a pas vraiment été le cas ces dernières années, ces derniers mois dans notre pays. Les nombreuses contorsions du code et du mode électoral en dépit des innombrables saisines du juge constitutionnel ont fini par rendre inévitable une intervention de ceux dont la mission première est de défendre les institutions et non de les dissoudre.
L’interruption hier du processus électoral par les forces de défense qui s’est pour l’instant passée sans effusion de sang, et il faut s’en féliciter, sera un moindre mal à cette entorse au processus démocratique si :
- Elle s’inscrit dans une durée limitée dans le temps et se donne pour objectif de mettre la Constitution à plat ainsi que l’ensemble du dispositif électoral y compris la liste électorale, le découpage administratif du pays qui équilibre les territoires ;
- Les forces de défense inscrivent leur action dans une démarche inclusive de l’ensemble des acteurs politiques du pays pour réécrire un cadre électoral digne d’un système démocratique ;
- Les forces de défense s’engagent formellement à ne pas prendre part elles-mêmes aux élections qu’elles organiseront au terme de cette période de transition et garantissent ainsi leur transparence et leur équité.
Sous ces trois conditions, l’intervention depuis hier des forces de défense avec la dissolution de l’ensemble des institutions, l’annulation des élections dont les résultats officiels semblaient si surprenants et la mise en place d’un Comité Transitoire de Restauration des Institutions pourrait être un moindre mal et une occasion opportune d’assainir la vie politique du pays et de reprendre l’ensemble des élections finalement galvaudées.
R. Ndong Sima